234                         HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
nombreux documents publiés- en ces dernières années. L'Italie a su, de tout temps, soigner à merveille les intérêts de sa gloire; elle a le grand mérite d'avoir sauvé, à travers toutes les révolutions, les archives utiles à la réputation de ses artistes, illustres ou obscurs.
Elle recueille aujourd'hui les fruits de sa prévoyance; c'est justice. U n'y a cependant pas de raison pour admettre sans con­trôle des prétentions excessives. Dans le cas particulier qui nous occupe, le rôle des Italiens dans l'histoire de la tapisserie se borne en somme à peu de chose. J^eur production ne peut se comparer à celle des Flandres ou de la France. Quant à l'in-lluence de leur goût, elle a été plutôt funeste que féconde; elle a fait dévier la décoration de la tapisserie de sa véritable voie. C'est l'Italie qui, peu à peu, a substitué la copie des tableaux, de la peinture à l'huile ou à fresque, aux vieux modèles flamands, si admirablement appropriés à la décoration des tentures de laine et de soie.
ANGLETERRE
Pendant tout Ie moyen âge, l'aristocratie anglaise emprunte aux manufactures flamandes les tentures nécessaires à l'ameublement des demeures féodales. Les riches présents des ducs de Bourgogne, lors des négociations engagées pour mettre fin à la guerre de Cent ans, avaient singulièrement contribué à répandre chez nos voisins le goût des belles tapisseries historiées. Comme ils parvenaient, gràce aux relations constantes qu'ils entretenaient avec les villes manufacturières du continent, à donner satisfaction à leurs goûts de luxe, les Anglais ne songèrent qu'assez tard à introduire chez eux l'industrie de la haute lice.
Jusqu'ici les origines de la tapisserie en Angleterre sont restées fort obscures. On trouve dans les inventaires des souverains ou des grands seigneurs de fréquentes mentions de tentures à per­sonnages; toutes paraissent venir de l'étranger. On a attribué ré­cemment une origine anglaise à une petite pièce originale où Saint Georges est figuré terrassant le dragon; elle appartient à M. de Schickler et a été exposée à l'Union centrale en 1876. Mais aucun argument sérieux n'a été produit à l'appui de cette opinion.